Le piège à parieurs des ‘Courses spectacles’ du PMU.
14 DÉCEMBRE 2013 | PAR ANDREV GUEGUEN
Les turfistes ont su contrer les mesures qui les visent depuis l’ouverture des marchés en ligne, en 2010. Certes, les cotes des favoris se sont effondrées sous l’effet conjugué du triplement du nombre de courses et des nouvelles formules de jeux à foison. Personne ne s’est élevé pour rappeler l’organisateur public à ses engagements de prévention de la dépendance, mais nous savons les risques des jeux à répétition : nous avons sensiblement réduit nos enjeux pour miser sur les concurrents les mieux cotés et gagner plus. Au final, le produit des jeux du PMU est resté atone et, en cette année 2013, ils sont à la baisse alors que ses charges progressent à tout va. L’opérateur public se devait de réagir pour échapper à l’effet de ciseau. Voici comment.
Depuis quelques temps, les courses étrangères s’invitent à tout moment dans les programmes. Les parieurs avertis ne s’y intéressent guère. Mais elles occupent l’antenne à moindre coût et, à terme, permettront d’élargir la plage horaire de retransmission de midi à minuit, voire au-delà ; surtout, elles introduisent subrepticement la répétition de jeux au hasard. Nous savons bien qu’il est impossible de gagner durablement au turf en se fiant au seul hasard…, mais il se trouvera toujours quelques joueurs à s’y risquer pour se ‘refaire’ dans la précipitation. Et l’application MyPMU qui « ne (le) quittera plus », pendant la pause déjeuner ou à la sortie du travail, l’incite déjà à passer ses jeux « dans son point de vente PMU ». Ce sont les deux à trois millions de français, les plus rentables, qui jouent au moins une fois par semaine, que le PMU espère convaincre de jouer toujours plus, au numéro de dossard, à la volée.
Cent trente cinq mille experts hippiques parient quotidiennement sur internet, notamment au Simple gagnant ou placé, et engagent 10% des enjeux annuels du PMU. Ces ‘traders industriels’ du ‘course à course’, comme disait M. Bélinguier devant l’Observatoire des Jeux, savent défendre leurs gains par des choix raisonnés et l’étude du ‘papier’. Dans l’immédiat, le nouveau site PMU.fr s’attache à leur compliquer la tâche en interdisant l’enregistrement simultané des Simples gagnants et des couvertures placées…, et ralenti la consultation des cotes des jeux placés à l’issue de deux fenêtres d’écran à clics multiples. Une incitation à parier gagnant sec, ou placé, les ‘yeux bandés’, à colin-maillard !...
Bon an mal an, l’ensemble des parieurs verse trois milliards de dépôts au PMU (taux de recyclage de 1€ déposé pour 3.2€ de mises recyclées). En 2012, cet argent ‘frais’ a été partagé entre l’Etat (990 M€), les Sociétés de courses (865 M€) et le PMU (610 M€) ; reste les 600 millions de gains nets des parieurs on-line et des points de vente. En 2015, le PMU isolera la masse des enjeux des traders sur internet, peu rentable, de celle du réseau en dur, très rentable. Un tour de passe-passe où le PMU captera à son profit 200 M€ de gains nets aux dépends des parieurs on-line !..., avec une entorse de taille aux règles européennes : le rétablissement de facto du monopole du PMU sur les points de vente.
Andrev Guéguen, sportman
source : http://blogs.mediapart.fr/blog/andrev-gueguen/141213/le-piege-parieurs-des-courses-spectacles-du-pmu